Pardon pour Bilal
Le chanteur Bilal Hassani a dû renoncer à donner le concert qu’il avait prévu de donner à Metz, sous la pression d’une mouvance de catholiques radicaux d’extrême droite. « Il faut protéger ce lieu », une ancienne église désaffectée depuis plus de cinq siècles, annonce l’une des associations hostiles au chanteur.
Mais protéger de quoi, et de qui ? D’un jeune homme qui chante vêtu de robes à la Marie-Antoinette et de perruques, non façon 18e mais d’un blond platine bien de notre temps, même s’il l’agrémente de rose, comme si du rose, nunquam satis, il ne se lasserait jamais ?
Mais dans quel camp doit être la honte ?
Pas chez Bilal, assurément, qui vit sa vie dans la liberté que la République lui reconnaît et doit lui garantir. Droit dans ses hauts talons, il peut chanter et danser à son gré. Bilal n’a de compte à rendre à personne, sauf à son public.
Pas davantage, la honte ne devrait être celle de ces opposants. Ils n’auraient rien à se reprocher s’ils voulaient chanter et danser avec Bilal. Ont-ils oublié la loi sur le Mariage pour tous de 2013 ? Ont-ils oublié leur beau titre de catholiques, qui préjuge la bienveillance et l’accueil inconditionnel de l’autre ?
Si honte il y a, c’est la mienne. Oui, j’ai honte de ces éruptions malveillantes, de ces barrières que l’on dresse sans voir que l’on fait le le jeu du diable, dont le nom est le « diviseur ». J’ai surtout honte de cette offense gratuite envers quelqu’un, simple délit de sale gueule, et rien d’autre.
Ces jours-ci, nous, chrétiens, nous préparons à vivre la mort et la résurrection du Christ. Cette Passion nous apporte le salut. Mot que l’on a compliqué à souhait, alors qu’il est simple. Il enseigne en particulier à n’exclure personne, à se méfier des exigences de pureté, car elles vous enferment dans l’illusion, et finalement, vous abêtissent, il enseigne enfin à garder toujours une main tendue vers autrui.
Cher Bilal, au nom de ceux des catholiques qui désapprouvent le geste de ces groupuscules, je te demande pardon. Garde courage, tu n’es pas seul !
Anne Soupa